Le lendemain matin, cependant, est tout sauf ordinaire. Aux premières heures du 2 janvier, l'ancienne orpheline Kilabasi est apparue dans le camp d'Ithumba avec un petit garçon à ses côtés. Nous l'avons appelé Kofi. C'était un moment de grande fierté pour les gardiens, qui ont fait partie du parcours de Kilabasi depuis le tout début. Elle a été sauvée en 2011, après que des villageois aient repéré un veau titubant dans le Tsavo depuis la Tanzanie. Nous ne saurons jamais ce que Kilabasi a enduré avant son périple solitaire vers le Kenya, mais comme c'était au plus fort de la crise de l'ivoire, nous pouvons supposer sans risque qu'elle a perdu sa mère à cause des braconniers. Aujourd'hui, plus d'une décennie plus tard, elle vit à l'état sauvage et élève sa propre famille.

Les orphelins dépendants broutaient à proximité, mais dès qu'ils ont eu vent d'un nouveau bébé, ils ont tout laissé tomber. Malkia, Mteto, Ndiwa, Roi et Esampu ont fait de leur mieux pour passer du temps avec Kofi, mais les formidables nounous Makireti, Gawa, Ishanga, Olare, Siku et Lili les ont arrêtés net. Roi s'est disputé avec Gawa mais a dû battre en retraite sous le regard sévère de sa mère, Galana.

Le "gang de la nuit", comme les Gardiens appellent les orphelins semi-indépendants, va et vient à sa guise. Siangiki, Olsekki, Oltaiyoni, Naseku et Roi n'aiment pas rentrer chez eux avec le reste du troupeau le soir. Ils ont tendance à se montrer bien après que tous les autres aient été mis dans leurs palissades, comme s'ils voulaient montrer qu'ils sont trop vieux pour être mis au lit.

Nous avons accueilli une autre heureuse arrivée le 7, lorsque Lualeni a présenté à tout le monde son nouveau-né, que nous avons appelé Lexi. Lualeni est une autre victime probable du braconnage, sauvée en 2004 après avoir été trouvée endormie sous un arbre, complètement seule au monde. À ce jour, aucun orphelin n'a connu un chagrin aussi profond, ou aussi long, que Lualeni. La voir devenir une mère, pour la deuxième fois, a été une expérience incroyablement et enrichissante. La première née de Lualeni, Lulu, a maintenant trois ans et s'est imposée comme la nounou principale de Lexi.

Les ex-orphelins sont restés dans la région, bien qu'ils s'y rendent moins souvent qu'en saison sèche. Après l'excitation de la matinée, le troupeau dépendant a retrouvé Challa, Kinna, Kama, Kaia, Kilabasi, Makireti, Ithumbah et Kofi sur le chemin du bain de boue. Mteto, qui est devenue une sorte d'amoureuse des bébés, est partie avec les ex-orphelins afin de pouvoir offrir ses services de baby-sitting à Kofi et Kaia. Elle est restée avec eux jusqu'à l'heure du coucher, lorsque Kinna et son équipe ont raccompagné la jeune fille jusqu'au camp. Cet après-midi a dû être passionnant pour Mteto.

MalkiaMteto et Mundusi

Le jour suivant a été passionnant pour tout le monde, car notre troupeau d'Ithumba a accueilli trois nouveaux promus. Aux premières heures du 8, Larro, Mukkoka et Naboishu sont arrivés de la nursery. Maramoja, Nabulu, Sattao et Musiara, qui sont des amis de la nursery, ont été les premiers à accueillir les nouveaux venus. Malkia, Nabulu, Ndiwa, Roi, Maramoja, Malima et Sana Sana ont passé toute la journée à rivaliser pour gagner le cœur du trio.

Naboishu, Larro et Mukkoka ont gagné le surnom de "bons élèves", car ils apprennent très vite ! Lorsque le moment est venu de rentrer chez eux la première nuit, les gardiens ont confié à Nabulu et Musiara le soin de les conduire chez eux. Une fois arrivés au parc, les bébés ont copié tous les mouvements de Nabulu, s'alignant le long de la clôture pour recevoir son lait, puis se nourrissant de granulés de luzerne et de branches dans le parc. Vous n'auriez jamais deviné que c'était leur première nuit à Tsavo.

Nabulu et LarroKaris

Une chose a trahi la naïveté de nos nouveaux promus aux manières d'Ithumba : Alors que le reste du troupeau s'empresse de manger des granulés de luzerne supplémentaires, Larro, Naboishu et Mukkoka ne s'en préoccupent pas. Ils préfèrent se concentrer sur le broutage de toute la végétation. Bien qu'ils soient arrivés à Ithumba pendant une période d'abondance, les plantes fraîches ne sont pas toujours aussi abondantes dans la brousse. En période plus sèche, ils apprécieront davantage la luzerne ! Au fil du mois, nous avons remarqué qu'ils avaient un plus grand goût pour les granulés. Peut-être que leurs amis leur ont fait comprendre que c'était un complément alimentaire utile.

Le mois a été ponctué de plusieurs journées chaudes, ce qui a signifié de longues séances de baignade dans le bain de boue. Un après-midi, Rapa, Nabulu, Mundusi, Enkikwe, Mteto, Ndiwa, Kuishi, Esampu, Ambo, Mapia, Sana Sana et Kamok ont fait une partie de baignade particulièrement enthousiaste. Esampu a été la première à partir, en courant et en claironnant très fort alors qu'elle courait dans la brousse. Elle est une telle petite reine du drame ! Mundusi et Enkikwe ont été les derniers à quitter l'eau. C'est merveilleux de voir à quel point Enkikwe a récupéré et participe maintenant pleinement à toutes les activités.

Rapa et WanjalaRoi

Conduire le troupeau pour la journée est un honneur, mais la couronne est lourde à porter. Karisa s'en est souvenu un matin, lorsqu'il a choisi de prendre la direction de l'ouest. Sana Sana, Nabulu, Malima, Mteto et Malkia étaient sceptiques quant à ce choix et se sont plutôt dirigés vers le sud-est. Ils grondèrent pour signaler que quiconque était intéressé à prendre cette direction bien supérieure (à leur avis) devait suivre. Elles ont bénéficié d'un véritable coup d'éclat lorsque Mukkoka, Larro et Naboishu ont fait demi-tour pour rejoindre les filles. Karisa en a profité pour rejoindre le "gang de la fin de soirée" pour la journée, et ils ne sont pas rentrés avant neuf heures du soir.

Les visiteurs sauvages aident les orphelins à apprendre à comprendre la situation actuelle.  Il s'agit d'une compétence importante dans la société des éléphants, afin de s'assurer qu'ils respectent leurs aînés et ne suscitent la colère de personne. Un matin, l'ex-orphelin Challa est sortie de la brousse et a rejoint brièvement les orphelins. Bien qu'il s'agisse d'un visiteur régulier, les garçons Enkikwe, Mundusi, Rapa, Sattao, Mapia et Wanjala ont tous semblé un peu surpris et ont tendu leur trompe pour accueillir le majestueux mâle. Ils l'ont suivi sur environ cinq cents mètres, imitant sa marche lente et mesurée, avant de s'arrêter brusquement. Ils semblaient avoir compris que Challa n'était pas d'humeur à bavarder et qu'il préférait être seul ce jour-là.

 MutaraDololo

Le 29, Mutara, Sities, Sugata, Kainuk, Turkwel, Kalama, Melia, Rapsu et Lemoyian apparaissent après une longue absence. Ils étaient ravis de trouver trois nouveaux orphelins à Ithumba, mais Mukkoka, Larro et Naboishu ne montraient aucun intérêt pour les grandes filles - en fait, ils semblaient les éviter ! Suguta et Turkwel ont essayé de rejoindre Dololo, mais notre petit garçon les a également évités comme la peste. Elles ont vraiment mis Dololo à l'écart suite à la naissance de tous les bébés nés à l'état sauvage, et maintenant il se rend compte que même si ces filles ont de bonnes intentions, elles sont aussi très capricieuses.

Les jours suivants, Turkwel et Sugata ont continué à implorer le pardon de Dololo. Dololo se radoucit un peu et autorise les filles à le fréquenter. Cependant, il serait sage de garder son cœur : Mutara va donner naissance à son premier enfant d'un jour à l'autre, et lorsque ce moment heureux arrivera, toutes les grandes filles se bousculeront pour obtenir leur place de nounou !

À la fin du mois, la petite Larro a décidé qu'elle était prête à ouvrir la voie le matin. Mteto, Malkia, Esampu et Sana Sana ne pouvaient pas la laisser faire, car Larro ne connaît pas encore assez bien la région. Ils se sont empressés de marcher avec la courageuse jeune fille, lui permettant de mener sous leur direction. C'était une merveilleuse démonstration de mentorat de la part de notre troupeau d'Ithumba très uni.

Photos créditent DSWT

Nous rappelons que pour les nouvelles et les photos nous sommes tributaires du Sheldrick Wildlife Trust et ne pouvons fournir que les informations remises concernant les orphelins, sans oublier que les traductions sont faites bénévolement sur du temps personnel.

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